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L’inflation parmi les facteurs clés des décisions de placement

Jo Taylor, chef de la direction, discute de la façon dont le RREO a su traverser les turbulences mondiales lors de la conférence mondiale du Milken Institute

Comment les dirigeants aident-ils leur organisation à surmonter la volatilité actuelle? Récemment, Jo Taylor, chef de la direction du RREO, a participé à une table ronde intitulée The Only Way Forward — Leading through Global Turbulence, organisée dans le cadre de la conférence mondiale du Milken Institute. Parmi les sujets abordés par le groupe, mentionnons l’inflation, la décarbonisation, la flexibilité et plus encore. Voici quelques questions clés posées durant la discussion et l’explication de M. Taylor sur la façon dont il aide à diriger le régime de retraite de 247 G$ CA en cette période économique difficile.

Quels sont certains des facteurs clés qui influent sur vos décisions de placement?

Jo Taylor : La principale difficulté qui influe sur nos perspectives en ce moment est probablement l’inflation. Notre passif étant lié à l’inflation, il augmente à mesure que l’inflation augmente. Si vous n’adaptez pas vos activités à votre passif, vous pouvez avoir des difficultés qui vont au-delà des liquidités. Nous l’avons d’ailleurs constaté à quelques reprises récemment.

Nous visons à obtenir un portefeuille équilibré qui résistera aux chocs et aux turbulences actuels. De plus, nous cherchons à nous assurer que nous avons évalué adéquatement les risques que nous prenons et à faire en sorte qu’ils soient profitables. 

Le RREO a la chance de s’occuper d’un actif important pour ses parties prenantes. Notre entreprise, toutefois, est agile et relativement petite. Nous avons 1 500 employés dans le monde, ce qui nous permet d’être assez flexibles dans nos façons de faire, de penser et d’innover.

Jo Taylor
Chef de la direction

Le RREO vise un investissement de 300 G$ d’ici 2030. Quels sont les avantages d’un tel regroupement de capitaux, et limite-t-il la flexibilité?

JT : Le plus grand avantage dont nous avons bénéficié : être en mesure de former notre équipe des placements de manière à être en mesure de trouver et de saisir des occasions intéressantes partout dans le monde. Par ailleurs, les investisseurs détenant des fonds de capitaux importants peuvent rechercher des occasions d’investissement offrant des rendements très intéressants, car ils sont en mesure de le faire sans avoir à s’endetter. Ils peuvent aussi cibler des sociétés d’une envergure qui n’est pas à la portée de tout le monde. Sur le plan concurrentiel, c’est plus intéressant.

Un des défis d’échelle est de maintenir une approche commune et une communication claire. Le RREO a la chance de s’occuper d’un actif important pour ses parties prenantes. Notre entreprise, toutefois, est agile et relativement petite. Nous avons 1 500 employés dans le monde, ce qui nous permet d’être assez flexibles dans nos façons de faire, de penser et d’innover.

Il est très important que nos collègues chevronnés encouragent tout le monde à nous percevoir comme une petite entreprise, même si nous gérons un certain nombre d’actifs pour nos participants. La combinaison de notre structure et de notre façon de penser nous a permis de modifier la répartition de notre capital au cours des deux ou trois dernières années de façon à nous assurer d’obtenir des rendements plus conformes aux perspectives actuelles des marchés, et d’éviter certains des segments où les rendements seront moins attrayants. Pour un régime mature, l’un des critères clés est de réduire la volatilité des rendements afin d’obtenir des rendements constants d’une année à l’autre et de maintenir le financement pour nos participants.

Lorsque vous tentez d’accéder aux marchés privés, estimez-vous qu’il est nécessaire d’assurer une présence dans ces secteurs?

JT : Nous faisons partie d’un certain nombre de catégories d’actifs privés, dont les infrastructures de titres de sociétés fermées et, plus récemment, les secteurs du capital de risque et de croissance. Nous voulons le faire principalement par l’intermédiaire de notre propre équipe de placement. En effet, environ 80 % de nos investissements proviennent de notre propre personnel plutôt que de fonds de tiers. Nous procédons de cette façon pour éviter les frais et le portage de titres. Nous travaillons avec des fonds externes, en particulier ceux qui possèdent une connaissance géographique à laquelle nous voulons accéder ou qui exercent des activités sur mesure qu’ils maîtrisent mieux que nous.
 

Que pensez-vous des placements dans des sociétés fermées par rapport à des sociétés cotées en bourse?

JT : La question clé, outre la rentabilité des actifs que nous voulons acquérir ou dans lesquels nous voulons investir, est de s’assurer que ces entreprises se comportent d’une manière qui correspond à notre ensemble de valeurs. Nous voulons nous assurer que nous avons une certaine influence. Il est plus facile d’y parvenir si nous sommes un investisseur détenant le contrôle ou un investisseur minoritaire important, plutôt que si nous détenons une très petite participation qui ne nous permet pas d’orienter ou d’encourager l’entreprise à faire ce que nous pensons être le mieux en matière d’égalité des genres et d’inclusion, de réduction de l’empreinte climatique ou de certaines des valeurs sociales que nous jugeons importantes.

La façon la plus simple d’y parvenir est sans doute avec une entreprise privée, où l’on peut avoir ce contrôle et cette propriété. Mais si nous investissons dans des sociétés ouvertes, nous nous assurons de faire au moins une chose : voter et faire savoir à ces équipes de direction que leur rendement est (ou pas) à la hauteur de nos attentes sur le plan financier.

Parlez-nous de la stratégie du RREO relative au climat, y compris la décarbonisation et les combustibles fossiles.

JT : Pour notre portefeuille existant, nous avons établi des objectifs assez clairs pour aider nos sociétés à recueillir des données afin de connaître leur empreinte carbone, puis de trouver des moyens de la réduire. Pour ce qui est des nouvelles activités, nous travaillons avec des secteurs qui ne sont peut-être pas aussi attrayants pour de nombreux investisseurs, mais qui présentent une empreinte carbone élevée et que nous pouvons aider à décarboniser. Nous le faisons en partie pour apporter une contribution positive, mais nous pensons également que nous pouvons obtenir de bons rendements en ayant une entreprise dans notre portefeuille que notre implication a permis de mieux structurer. Une partie de cette modification prendra un certain temps. Il faut donc évaluer précisément le temps qu’il faudra pour y arriver, ce qu’il en coûtera et ce qui semble être un bon investissement pour cette période.

On me demande souvent ce que nous pensons des combustibles fossiles. La réponse que j’ai toujours donnée est que nous tâchons de partir du principe que certains combustibles seront nécessaires pour une transition au cours des 10 ou 15 prochaines années. Dans une certaine mesure, l’énergie nucléaire et, bien sûr, le gaz naturel en feront partie. Ce que nous essayons de faire, pendant ce temps, c’est de nous assurer que les entreprises que nous appuyons sont conscientes de leur empreinte climatique et qu’elles saisissent de nouvelles occasions grâce à de nouvelles sources d’énergie et d’alimentation.

Nous tenons beaucoup à ce que la transmission d’électricité soit un moyen de fournir une énergie plus verte partout dans le monde. Nous cherchons également de nouvelles sources d’énergie. Nous avons beaucoup travaillé autour de l’hydrogène, examiné la fusion et recherché des idées novatrices pour aller de l’avant dans ces secteurs. Nous avons pour objectif de faire passer les actifs verts de notre portefeuille d’environ 33 G$ à 50 G$, en nous assurant toutefois d’obtenir un taux de rendement approprié.